vendredi 28 septembre 2012

Une nuit chez le vigneron

La route vers Heiligenstein
27 septembre 2012.

Mise en garde : pour passionnés de vins seulement... Les autres, allez au plus rapide...


Il (re)commençait à pleuvoir lorsque j'ai aperçu un petit village en haut d'une colline pourvue de vignes. Contrairement aux autres, il était un peu en retrait, juché joliment sur le haut d'un vallon et accessible seulement en déviant La route des vins d'Alsace. C'était Heiligenstein, un autre joli patelin (650 âmes), mais celui-ci situé entre Barr et Obernai.



Eliane et son fils, Yannick 
L'objectif avoué était de rencontrer un humain, de préférence un vigneron, et de vivre... bien, une expérience anthropologique ! Zigonnant sur la route principale de ''Heili'', je remarque une très jolie porte grillagée menant à une cour où l'on semble déguster ladite boisson aux raisins.

La demeure de la famille de vignerons
L'endroit abonde de fleurs suspendues, de grandes caisses de bois où sont entreposées des bouteilles vides. J'étais au domaine Clos-Meckert, dont le fils de la famille, Yannick, a repris les rennes de l'entreprise il y a plus d'un an.

- "Tu es québécois ?" lance Jean-Luc, le patriarche des lieux, d'un air fuyant et plutôt désintéressé.
- "Oui... et je suis à vélo et je cherche un endroit pour dormir..." dis-je dans un but mi-avoué...
- "Je bien vu ton casque. Je vais demander à Eliane si tu peux rester pour la nuit."

Eliane vient de Bourgogne. Elle vit de vins, de raisins et de rafles depuis toujours. Elle a rencontré un alsacien et ils combinent, depuis, leur savoir au profit du fameux liquide. Par surcroit, Eliane est une grande voyageuse. Elle et Jean-Luc profitent de la pause hivernale pour se trimbaler, souvent là où le vin pousse pratiquement à l'année. 

La pluie cessa. En moins de deux minutes, j'étais installé dans le lit de (feu) grand-mère et j'avais même accès à sa toilette personnelle. La classe.

Le soleil éclata à  nouveau entre les fesses du Mont St-Odile.

-"Tu veux voir les vignes ?" Dit-elle.
-"Certes oui!" En cachant timidement ma joie qui se conjuguait à la crainte de déranger.


Eliane et ses raisins
S'en suit un cours magistral et pratique des vins d'Alsace 101 qui battait l'ensemble des formations et dégustations que j'ai reçues dans ma vie, dont le vrai plaisir était de se nommer volontaire et de nous remplir des verres à rebord...


- "Tu vois le pinot blanc ? Tourne-le, il n'est pas encore prêt, le soleil doit encore le caresser. Goûte." 


Une grappe de Pinot noir
On tripote les vignes et on mange les raisins.

- "Ici, dans les vignes du Gewurzt, il y a de l'esca, un satané champignon qui s'attaque à la tige et tue la vigne. Goûte aux fruits, les autres plants sont bons."


La pluie laisse place aux couleurs de l'arc-en-ciel
En fait, il n'y avait que le Crémant d'Alsace qui était récolté. Les pluies des derniers jours allaient permettre aux raisins encore sur les tiges de se gonfler généreusement après un été sec et chaud.

-"Goûte au Pinot noir, il est bon le jus!"


Dans la cave à vin familiale
Comme Baccus, je dévorais les raisins des cépages que je buvais innocemment depuis tant d'années et je m'émerveillais de retrouver les flaveurs du vin... dans le fruit! 

-"Voilà, goûte ce raisin, c'est du Klevener, un cépage contrôlé qui ne pousse qu'à Heili."

Un jus puissant, fruité, bien sucré, gorgé de soleil, mais moins frappant que le Gewurzt.


Le Crémant et fermentation.
Un sacré bon jus!
Plus le moment agréable passait, plus mon "fameux" ventre semblait me lancer des messages... d'alarme.

De retour à la maison, j'ai dû courir jusqu'à la toilette afin d'y mitrailler ma récolte si amoureusement dégustée. 



Pardon grand-mère, j'ai souillé vos VC privés.


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